C'était un Vendredi Une folie secouait la Maison... Dans mon courrier déjà une centaine de lettres de téléspectateurs prêts à mettre la main au portefeuille pour combler notre déficit titanesque, utopie ? J’ai senti que non...

Au fur et à mesure que l’après-midi s’écoule, j’arrête les confrères qui passent devant mon bureau : il faut constituer le conseil d’administration de l’association... Tous acceptent, de Guillaume Durand à Jean Minot le patron des programmes. Mais ils font cela par amitié sans trop y croire.

Mon obsession : cinquante mille adhérents en un mois. Ils seront huit cent mille en sept semaines. Un raz de marée, une déferlante qui secoue la classe politique et la pousse à la mobilisation. Et comme par miracle tous les partis nous reçoivent. De droite comme de gauche, ils remplissent un bulletin d’adhésion. Les députés et les sénateurs prennent conscience que les lois sur l’audiovisuel doivent être modifiées.

A force de vouloir protéger la production française on aboutit au désastre de ce début d’année 1992. M6 perd 300 000 francs par jour, TF1 près d’un million chaque 24 heures, La Cinq dans les trois millions, et c’est le dépôt de bilan.

Maintenant il faut se battre contre tous. Rien n’est gagné au moment où j’écris ces lignes. Mais ce que nous vivons est une grande première dans l’histoire de la télévision française. Les téléspectateurs seront peut-être associés au capital de La Cinq. La télévision sera la chose la plus partagée au monde

Le 3 janvier 1992, Jean-Claude Bourret annonce à l'antenne la création de l'association de défense de La Cinq. Régie par la loi de 1901, L'Association a pour objet "la défense de la télévision privée en général, le pluralisme et la liberté totale de l'information, la défense de La Cinq en particulier" (Article 2 des statuts). Du jamais vu dans l'histoire de la télévision ! En quelques jours, un puissant mouvement de téléspectateurs est né pour défendre la Cinq des bénévoles se présentent spontanément au siège de la chaîne. Leur aide est impressionnante, à la mesure de la tâche.

En quelques jours, ce sont des milliers de téléspectateurs qui adhèrent à l'Association, le courrier arrive en masse : de 80 à 100 kilos par jour ! Une organisation quasi militaire se met en place : tri du courrier, classement des adhésions, des messages, des chèques ... Les locaux du boulevard Pereire ressemblent à une ruche bourdonnante, y compris le week end ! Et les idées ne manquent pas pour défendre La Cinq : manifestations, tracts, concert... l'enthousiasme du combat augmente aussi vite que le nombre des adhérents.